👨‍🏫 PAROLE D'EXPERT : ENTRETIEN SUR LA PRÉPARATION MENTALE - MARGAUX VERGER GOURSON
Corps et esprit : l’équilibre invisible de la performance.
🤔 Kesako ?
La prĂ©paration mentale est un outil utilisĂ© et considĂ©rĂ© comme essentiel dans le sport de haut niveau ces dernières annĂ©es. Si elle semble dĂ©sormais faire partie intĂ©grante de la prĂ©paration des sportifs, cela n’a pas toujours Ă©tĂ© le cas. Entrainer « sa tĂŞte » au mĂŞme titre son corps, oui mais comment et dans quel but ?  Le sujet est aussi vaste que passionnant mais nous avons choisi d’aborder avec notre experte, un sujet parfois sensible dans la quĂŞte de performance, la fatigue mentale.
Une experte, un parcours...
Margaux, peux-tu te présenter en quelques mots ?
« J’ai fait de la natation pendant de nombreuses années, en France d’abord et ensuite aux États-Unis et au Portugal. J’ai accédé à des compétitions nationales et internationales et j’ai pu évoluer dans différents groupes d’entraînements avec différentes philosophies de pratique. J’ai toujours été curieuse de comprendre quels facteurs participent à la performance et puisque mon père était lui-même préparateur mental j’ai assez vite été sensibilisée à l’aspect psychique de l’entraînement. Aujourd’hui je suis contente de pouvoir participer à la vulgarisation de la discipline et de continuer à accompagner les athlètes de façons différentes pour les aider à s’exprimer au mieux possible dans leur vie de tous les jours, en tant que sportifs et sportives mais aussi en dehors des terrains, bassins etc. »
🎙️ L'interview
Quand on parle de “fatigue mentale”, de quoi parle-t-on exactement ? Quels peuvent être les signaux à surveiller pour détecter la survenue d’une fatigue mentale ?
La fatigue mentale peut prendre divers aspects. Lassitude, manque de motivation, plus de difficulté à faire des tâches du quotidien, à se concentrer. Avoir le sentiment d’oublier plus souvent des choses ou d’être ailleurs, et être plus facilement irritable.
La fatigue mentale est-elle un frein Ă la performance ? Au mĂŞme titre que la fatigue physique ?
“ Elle peut l’être si elle n’est pas prise en compte ou appréhendée à sa juste valeur. On parle très souvent de repousser ses limites, d’aller chercher toujours plus et de se dépasser, mais à trop tirer sur la corde ça peut des fois lâcher.Dernièrement on a beaucoup plus entendu parler de “burn out“, de fractures de stress/fatigue, ou bien même de dépression. ”
Margaux Verger Gourson met tout de suite les mots sur une réalité que les athlètes ressentent sans toujours savoir la nommer. Les blessures physiques visibles (fractures, tendinites, surcharges) trouvent parfois leur origine dans une fatigue psychique non identifiée : stress chronique, perte de motivation, pression interne.
“Savoir si ces blessures sont la cause ou la conséquence d’une fatigue mentale est difficile à dire, mais il faut les prendre en compte au même titre que les blessures physiques.”
🧩 Note terrainÂ
- Traiter la fatigue mentale comme un signal d’alerte, pas comme une faiblesse.
- Dans les périodes d’entraînement intenses, planifier des jours “off cognitifs” : pas de brief technique, pas de consignes complexes.
- Sur le terrain, évaluer le RPE mental (ressenti de charge psychique) en parallèle du RPE physique.
La fatigue mentale est-elle un frein Ă la performance ? Au mĂŞme titre que la fatigue physique ?
“ C’est un équilibre qui va être propre à chacun(e). Ce qui est difficile c’est d’apprendre à se connaître pour savoir quand est ce qu’on peut pousser et quand est ce qu’il faut être raisonnable. Distinction entre la persévérance et ce fameux acharnement. Ça va sembler bateau, mais tant qu’on donne le meilleur de ce qu’on a, ça sera toujours le mieux que l’on puisse faire. “
Margaux rappelle que l’état de forme ne peut pas être optimal à chaque séance et qu’apprendre à composer avec la forme du jour et adapter les objectifs en conséquence est essentiel. Il sera plus productif de porter son intention et sa concentration sur des objectifs recalibrés et atteignables.
“Le caractère grandiose fascine encore et est au centre de la mise en scène des performances sportives, et je pense que beaucoup utilisent le sport comme un accès à une forme d’extraordinaire. Cependant dans la construction de la performance on entend de plus en plus qu’il vaut mieux une régularité, plutôt que de voir quelques séances exceptionnelles ici et là qui peuvent être à double tranchant pour la continuité de la préparation. »
🧩 Note terrainÂ
- En cas de fatigue mentale constatée et/ou physique, recalibrer les objectifs d’une séance pour les rendre réalisables est plus productif que de rester figé sur un idéal inaccessible sur le moment.
- Encourager les athlètes à apprendre à se connaître, à se faire confiance au quotidien pour qu’ils puissent à terme être capables d’identifier les moments où la séance doit être adaptée.
- Viser la rĂ©gularitĂ© plutĂ´t que l’extraordinaireÂ
⚠️ Un message de notre experte pour les athlètes et coachs qui nous lisent
Il n’y a pas une seule façon de faire les choses. Évidemment aujourd’hui on bénéficie de beaucoup de données sur ce qui a l’air de fonctionner et ce qu’il faudrait préconiser, mais chaque athlète est différent et je pense que le plus important c’est de rester à l’écoute, de rester curieux et adaptables. La préparation mentale fait partie des pratiques qui peuvent permettre à l’athlète d’apprendre à se connaître davantage, et donc de comprendre ses fonctionnements et de faire en sorte de concilier chaque facteur de performance de façon intentionnelle, efficace et harmonieuse.
I enjoyed reading this article. Thanks for sharing your insights.